À une passante

À une passante

poème de Charles Baudelaire
musique de Léo Ferré


La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
soulevant, balançant le feston et l'ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

--------- Au sujet du ce poème -------------

Ce poème est extrait du recueil "Les fleurs du mal" de Charles Baudelaire
Enregistré en 1967, Léo Ferré chante Baudelaire fait partie du coffret L'Âge d'or intégrale 1960-1967

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