Frantz Vaillant présente son documentaire
sur Léo Ferré
" Les témoins de sa vie"
Combien sommes-nous à aimer Léo Ferré ?
"Beaucoup trop !" ricanent ceux qui n'apprécient pas son oeuvre.
Et il n'est pas rare d'entendre alors des anecdotes suspectes, désobligeantes et souvent invérifiables à propos de cet artiste qui nous a quitté il y a près de 10 ans.
Quand il s'agit de "dégommer" cet homme, la médisance trouve sans problème des oreilles hospitalières.
Rarement artiste aura été vecteur d'un tel climat passionnel, rarement artiste aura été aussi calomnié que Léo Ferré.
Pour alimenter le bûcher, ses détracteurs ont toujours fait feu de tout bois : sa musique, ses textes, son argent, sa voiture, mais aussi la longueur de ses cheveux... jusqu'à son âge !
Tout. N'importe quoi...
C'est en fouillant dans le passé de cet homme public, que l'on s'aperçoit, stupéfait, qu'il en a toujours été ainsi ou presque : pendant près de cinquante ans, ce fut un vrai défouloir.
C'est à celui qui se payerait Ferré. Un petit jeu qui faillit virer au massacre dans les années 70 :
crachats, insultes, jets de boulons, tout était bon pour mettre à terre cet homme qui chantait l'Amour et l'Anarchie.
L'anarchie ? "La négation de toute autorité, d'où qu'elle vienne..." précisait Ferré.
Les agitateurs auraient dû s'acheter un dictionnaire...
Après les agressions, la calomnie, ses détracteurs tentèrent l'indifférence. On ne l'invita presque plus sur les plateaux de télévision. Silence radio. Mais Ferré tint bon. Et, avec lui, ses nombreux admirateurs.
L'incroyable carrière de cet homme s'est faite, avec le public, bien entendu, mais aussi, pendant très longtemps, malgré les médias.
Un tour de force.
Rétrospectivement, on comprend mieux pourquoi ses apparations télévisuelles étaient si rares : à l'heure du sourire obligatoire, du clin d'oeil complice et de l'autosatisfaction non-stop, Léo Ferré ne jouait pas le jeu. Jamais.
Avant, pendant et après une émission, l'homme ne changeait pas. Ni "in", ni "off" chez cet artiste décidément indomptable. Et cette belle intégrité ne pouvait que désarçonner ses intervieweurs.
On ne compte plus ceux qui gardent de lui un souvenir, disons, douloureux... Car l'homme avait les colères aussi violentes que fugaces. De là, de solides rancunes envers cet artiste, longtemps catalogué comme un type "impossible".
Voilà pour le personnage public.
La chance a voulu que je rencontre la femme de Léo. Nous avons bavardé un long moment. Et c'est tout naturellement que Marie m'a proposé de lui rendre visite chez elle, en Italie, parmi les vignobles Toscans.
Là-bas, une autre surprise m'attendait.
Mise au courant du projet que j'avais de réaliser un documentaire sur Léo, Marie accepta non seulement de me laisser consulter les archives audio-visuelles privées de la famille, mais elle m'autorisa à faire une copie de tout "ce qui pouvait me servir " dans mon travail.
Emotion !
Je découvrais alors, huit jours durant, l'homme privé.
Moments exceptionnels partagés avec son fils Mathieu.
Léo avec sa femme, ses enfants, ses parents, au piano, à la cuisine, dans les vignes, seul ou avec des amis. En concert ou dans la solitude musicale de son atelier-bureau.
Et l'évidence s'imposa : il faudrait des témoignages, beaucoup de témoignages pour illustrer ces documents-là. Les mots d'amis habilleraient merveilleusement ces images inédites...
Alors, sans doute, lèverait-on bien des malentendus au sujet de cet artiste.
Une réhabilitation en somme.
Pour découvrir enfin le vrai visage de cet homme exceptionnel, un homme qui m'ouvrit ses bras un soir de cafard, en février 1982.
Minute bouleversante et qui bouleversa ma vie toute entière."
Frantz Vaillant
Les témoins de sa vie
Un documentaire de Frantz Vaillant
Année : 2002
Durée : 52 minutes
Production : La mémoire et la mer
Première diffusion sur TV5 Monde le 14 juillet 2003 à 21h
En cas de problème avec la vidéo, voici le lien YouTube