Le prêtre Lambert

Léo Ferré - Le prêtre Lambert

Quand je l'ai enterré, j'ai dit " Léo a été baptisé, il était enfant de Dieu et cet homme que j'enterre, que vous avez pris, qu'on a pris pour un mécréant, moi, prêtre, je m'incline devant lui.

C'est un Don Quichotte, Léo, il met son masque, met sa pointe, prend son cheval, il est parti et il attaque. Lorsque Léo était en scène, il partait en guerre.

Léo pensait qu'il n'y avait pas de charité ou de solidarité sans justice et je le pense terriblement.

Léo, c'est un homme qui a pris toute sa vie comme étant responsable du monde, il n'y a pas un moment qu'il n'ait laché en se disant je suis responsable, il l'a dit un jour, du genre humain. Ce n'est pas orgueilleux, c'était lui.

Je crois que les prophètes et les poètes, c'est les mêmes.


Ce sont des gens qui sont partis en guerre pour dire une vérité que personne ne peut leur enlever parce qu'ils sont les seuls à pouvoir dire quelque chose et le dire comme ils le disent, dans cette parole nue, audacieuse, vivante.

Si vous lisez ce qu'il a écrit au delà de la parole, il était un grand poète, et vous savez pourquoi il était un grand poète, parce qu'il était aussi un grand musicien et que je crois que le véritable poète ce n'est pas simplement celui qui a le mot, qui a le cri mais c'est celui qui a la musique.

Je crois que Léo était le cri incarné, quand il ne criait plus, c'est fini, il était mort.

J'ai parlé tantôt de prophète et de poète mais c'est ça le poète, c'est celui qui vient toujours. Les dictateurs peuvent tuer tout le monde, les torturer et les tuer, les poètes viennent toujours. Pour dire quoi ? la mort, non, la mort oui pour décrire la mort et la tragédie du monde oui mais à travers cette tragédie du monde, c'est toujours la vie qu'ils disent, c'est ça les poètes et c'est pour ça qu'ils ne meurent jamais.

(Extraits des propos tenus par le prêtre Lambert, aumônier des artistes, dans le documentaire : "Léo Ferré, le coeur en écharpe")
Page suivante