La damnation
Paroles et musique de Léo Ferré
Tout ce qui est mal... C'est bon... Alors ?
Tout ce qui est bon... C'est mal... Alors ?
Damne-toi ! Damne-toi !
La damnation pour un triangle
Qui s'en va sous ta voix lactée
Géométriquement ressemble
Aux communiants du mois de mai
Avec leurs péchés de principe
Et leurs mains dans les nuits-fusain
À ombrer sous leurs pauvres nippes
Des désirs tachés de frangins
Ils sont damnés... Ils sont damnés...
Leurs voix comme des cathédrales
Chantent des gestes de granit
Et des mosaïques d'étoiles
Arc-en-ciellent leur ciel de lit
Je suis damné pour un pétale
De cette rose qui grandit
Et qui te polenne le châle
Dont tu as revêtu ma nuit
Je suis damné... Je suis damné...
Damne-toi ! Damne-toi !
La damnation comme une source
Où coulent des grains de velours
Dans ta main et puis dans ta bourse
Comme une monnaie au long cours
Ton désespoir comme une étoile
Assassinée depuis longtemps
Géométriquement s'étoile
À des millions d'années d'amants
Tu es damné... Tu es damné...
Tu m'aimes et c'est pour l'habitude
À t'empaler sur mon sarment
Ma vigne y coule et puis s'élude
En des filaments de serments
Mon suc te remonte à la gorge
Avec son goût d'entre dégoût
C'est l'éternité qui dégorge
Et la mort qui tire son coup
On est damné, Viens ! Viens !
Tout ce qui est mal, c'est bon !
Viens ! Viens !
Damne-toi !
Tout ce qui est bon... C'est mal
Viens ! Viens !
Viens...