Léo Ferré - Je parle à n'importe qui - Le livre

Je parle à n'importe qui

Poème de Léo Ferré
Dessins de Charles Szymkowicz
43 pages
130 x 170 mm
Edition La Mémoire et la Mer, collection Les Étoiles
30 septembre 2000


CHARLES DES TENEBRES
PAR
LEO FERRE

De Figures dans la nuit (1965) à L'enfant de la nuit (1976), il y a onze ans dans la même nuit, sur la même trajectoire mène du fond des ténèbres jusqu'au "Soleil noir de la Mélancolie"... Encore que Nerval se soit pendu...

Charles a mis en laisse sa folie. Il vit grâce à son "entente" - d'autres diraient compromission- avec la vie - avec sa plume, avec ses couleurs. Parlons en de ces couleurs. Je lui ai dit un jour : " Il faut vaincre le noir, Charles, il faut aller dehors, au soleil... Et oui !"

Il est retourné dans ses Belgiques grisées, comme son âme... Alors, il essaie, et cela donne le "mauve" c'est-à-dire La Gueule mauve (1976) et L'Effroi violet (1976). Il va vers la lumière, bien sûr. Au reste, le mauve c'est la couleur du demi-deuil et du temps de l'Avent, dans la liturgie catholique. Et après l'Avent, il y a la transfiguration de Bethléem...

Il n'empêche que ce style de la catastrophe a du style.

Son amante la Mort doit être docile puisqu'il nous la restitue intacte, du moins dans ce qu'il nous fait présumer d'elle... Le jour où il la tuera - je dis bien le jour - alors Charles vivra. Je sais, au moins, qu'il nous doit bien ça. Et il sait que je sais !

7 décembre 1976

(Extrait du livre consacré à Charles Szymkowicz, A 50 ans d'amour et de peinture, Paul Caso, Léo Ferré, préface de Jacques Attali, éd. Le Crache Noir, 1998.)

LEO FERRE
"JE PARLE A N'IMPORTE QUI"

Ce texte, que Léo Ferré, comme il le faisait souvent, a remis sur le chantier à plusieurs reprises, comporte un certain nombre de variantes. Cette première version, ici publiée, est celle qui a été éditée par l'auteur, en 1979, aux éditionsGufo del Tramonto illustrée par Charles Szymkowicz
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