Léo Ferré - CET HOMME QUI CHANTE TANT DE CHOSES

Cet homme qui chante tant de choses

Nadine LAIK (Extrait du programme de Bobino 69)

"Arrêtez dix personnes au hasard d'une rue de Nevers, de Paris ou d'ailleurs. Neuf sur dix ... pour rester vague, connaissent Léo Ferré.

"C'est cet homme qui chante tant de choses avec cette voix formidable."
C'est la réponse d'une homme gris interrogé au fond d'une banlieue grise de la région parisienne.

Tout le monde connaît Ferré : cette voix comme une lame de fond qui, de tumulte en douceur, se lève, s'enroule et se brise sur "tant" de chansons venues de toutes les régions de son empire.

Ni Verlaine ni Baudelaire, ni gris ni vert, ni ange ni démon mais pourtant frère du premier, frère du second,
il est fils d'Ostende et fils de Marseille, il est ange sur les traces tendres des gens de bien, il est démon sur les pas traîtres de ceux qui enveniment le monde.

Chien errant, objecteur de conscience, prophète même en son pays, voyou et poète, chef de famille - la famille de ceux des grandes misères-, révolutionnaire de naissance, magicien des images et du temps qui s'écoule : Léo Ferré.

C'est parce qu'il est tout cela, l'âme kaleidoscopique de ses semblables, que ses semblables ont besoin de lui. :

Pour qu'il retrace pour eux la ligne incomparable des rêves qu'ils rêvent mais qu'ils sont, eux, impuissants à retracer. Le cadeau qu'il leur fait, plus que lui-même, c'est eux à l'infini.

"Cet homme qui chante tant de choses" et pour tant de gens et depuis si longtemps, s'est pourtant fait rare dans ce fichu pays de France. Pendant des années, il fallait faire bouger les montagnes pour le sortir de ses hautes tours.

Il chantait bien sûr, et souvent, et ceci ou là, mais comme coincé par le destin.
Parce que l'organisation, oh! horreur, passait la bride à son itinérante bohème, sauf " Bobino".

Il y a là comme une fidélité. La preuve."

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