Léo ferré - C'EST FANTASTIQUE

C'est fantastique


Paroles et musique de Léo Ferré

Je suis l'ordinateur de ton ordre profond
Je suis le transistor de tes transits funèbres
Quand je passe on dirait que tu viens des ténèbres
Et que de mon soleil tu tires ta raison
Quand tu chantes c'est moi qui fabrique ton chant
Quand tu pleures c'est moi qui analyse tes larmes
Quand tu marches c'est moi qui craque sous ton charme
Quand tu ris c'est par moi que le rire te prend

C'est fantastique, non ? C'est fantastique

Je suis le jardinier de tes "verts paradis"
Je suis le grammairien de tes mots de tendresse
Quand tu dis que tu m'aimes on dirait que tu laisses
Au cul de ma comète les cheveux de ta nuit
Je suis l'équation triste au bras d'une inconnue
Quand tu me mens c'est moi qui mens dans ton sillage
Quand tu meurs c'est par moi que tu tournes la page
Et puis que tu renais comme un sphinx dans ma rue

C'est fantastique, non ? C'est fantastique

Je suis l'orgue qui joue quand tu vas t'éclater
Le marchand de ton sable où la mer te recouvre
Quand ta porte se ferme tu cries que je la rouvre
Et la mer nous reprend au bout de la marée
Quand tu te noies c'est moi qui deviens le noyé
Quand tu coules par moi je deviens capitaine
Et quand je coule en toi tu hisses la misaine
De ce voilier perdu chaque fois retrouvé

C'est fantastique, non ? C'est fantastique

Je suis la fin de tout dans ton commencement
La source de ta joie le terme de tes peines
Le fleuve qui te draine au-delà de toi-même
La noirceur de ton lys la pâleur de ton sang
Les ailes de l'archange au milieu des pavés
La rue qui se lamente au pied de nos victoires
Le sentiment barré au milieu de la gloire
Et ce bon sens commun qu'on ne sait plus nommer

C'est dérisoire, non ? C'est dérisoire

Je suis l'ordinateur de ton ordre profond
Je suis le jardinier de tes "verts paradis"
Je suis l'orgue qui joue quand tu vas t'éclater
Je suis la fin de tout dans ton commencement
Les ailes de l'archange au milieu des pavés
La rue qui se lamente au pied de nos victoires
Le sentiment barré au milieu de la gloire
Et ce bon sens commun qu'on ne sait plus nommer

C'EST FANTASTIQUE, VA... C'EST FANTASTIQUE !

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